Ivoire était assise, jambes croisées, sur le fauteuil en daim beige du salon, une cigarette extrafine à la main. Elle regardait autour d'elle, découvrant cet intérieur qui ne lui semblait en rien familier. Des peintures sobres, peu de meubles mais une magnifique terrasse vers laquelle elle se dirigea. Elle tira la porte vitrée et sortit à l'air libre où le vent endommageait sa coiffure apprêtée. Une main en visière, elle regarda à l'horizon le voisinage et se rendit compte que cet appartement était très bien situé. Elle sourit.
De nouveau à l'intérieur, elle laissa glisser sa main sur le meuble bas sur lequel se succédait différentes photos: des personnes âgées, la photo défraîchie d'un nourrisson, la photo de deux jeunes hommes jouant au football. Cette dernière souleva sa curiosité. Ivoire souleva une sourcil: l’Amérique l'avait décidément bien changé.
Elle se rassit dans le même fauteuil et posa ses chaussures à hauts talons sur la table. Le rouge des semelles tranchait avec la pâleur de la pièce. Elle décrocha on téléphone.
"Il n'est pas là. Oui, oui, j'y suis. Oui et bien je ne vais pas attendre toute la journée. Je te jure, ça sent la frite même dans la rue. C'est absolument infect. Oui. Et bien envoie-la moi par texto, il y est peut-être. Au moins, ça me fera visiter." dit-en en coupant la liaison alors que la voix à l'autre bout du fil parlait encore.
Elle se leva et se dirigea vers la porte. Mauvaise pioche pour ce coup-ci. La porte de l'appartement s'ouvrit à son approche et se referma après son passage, l'air de rien. On entendit le bruit du verrou résonner dans la couloir alors qu'Ivoire s'engouffrait dans l'ascenseur.
Une fois en bas, elle monta à bord d'une berline noire garée devant le lotissement au moment où elle recu un message texte bref et concis: Mickeal Käferböck. Grove Steet. La voiture démarra bruyamment et s'éloigna.